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Le Chien de Francky

Avant-propos :

Tiens, tiens, tiens... Jennifer n'est pas connue pour être la dog-sitter par excellence ; de quoi va-t-elle donc parler ?

Les fêtes de fin d'année s'annoncent une fois de plus sans appel, avec leurs comédies romantiques animant tendresse ou nostalgie, leurs tintements enfantins de clochettes... et leurs caddies plein à craquer de cadeaux coûteux et pas toujours utiles sur le long terme, leur lot de friandises goûteuses et rarement intéressantes pour les ceintures abdominales du sédentaire rougissant, ou encore un tas de fringues à usage unique dont les paillettes viennent se coller partout. Certes, mais - me direz-vous - "Lâche-moooi... Ca fait du bieeeen !!" Et, pour vous encourager à en conserver un souvenir imperméable aux dommages collatéraux de type Culpabilité, Honte, Dégoût, Regret, Dépit... je vais vous conter une histoire. Celle du Chien de Francky.

Le Chien de Francky :

Dans les campagnes d'une terre éloignée vivait un homme, connu sous le nom de Francky.

Francky allait son train, menant sa vie tranquillement, alimentant son quotidien de services aux amis et de ripailles bien méritées, après de longues journées de labeur. Il fut un temps, Francky rêvait en grand. Qu'allait-il devenir lorsqu'il serait un homme ? Lorsqu'il aurait saisi des chances et provoquer des opportunités ? Allait-il devenir audacieux, et oser croire que - lui aussi - pourrait devenir polyglotte et attirer le monde à sa porte ?

Francky fonda une famille et adopta un chien. Ce dernier avait une énergie débordante et Francky doutait de sa capacité et de sa volonté à demeurer fidèle. Il n'avait pas cette confiance. Protégerait-il bien la maison ? Serait-il sage et docile ? L'homme cru bon de soumettre l'animal de la façon la plus sûre qui fût à son sens. Et, bien que ses proches s'évertuaient à lui donner un nom, Francky faisait tonner sa voix par-dessus les autres, et c'était "Le Chien !".

Le Chien de Francky était attaché fermement autour d'un arbre. Il avait sa gamelle remplie tous les jours, une gamelle que pouvaient bien lui envier ses semblables voisins. Il avait un toit de tôle au-dessus de sa petite tête, sous lequel il se réfugiait lorsque l'orage grondait. Durant la nuit, Le Chien aboyait à gorge déployée - notamment après les poules qui caquetaient pour tout et rien - et craignant pour sa vie à chaque levée de vent ou chaque fois qu'un éclair déchirait le ciel. Durant le jour, il tirait désespérement sur sa chaine, s'étranglant mainte fois mais ne renonçant jamais. Le Chien était fatigué, pourtant il luttait infiniment en appelant à l'aide après quiconque s'approchait de lui, les yeux pétillant d'amour. Il portait un sourire animal indélibile qui lui donnait un air franchement cocace. Du genre a préparé le coup du siècle, avec au coeur la certitude d'atteindre un jour son but. Cette liberté qui miroitait comme un mirage. Une nuit de tempête, Le Chien hurlait comme jamais. Francky dormait sur ses deux oreilles. Au matin, Francky s'étira à l'entrée de la maison et ne trouva pas Le Chien, sous son toit de tôle.

L'animal épris de liberté avait disparu. L'instinct avait eu raison des chaines. Jusqu'alors, toutes les raisons d'un homme tel que Francky avaient contraint la fougue de ce qu'il maintenait fermement enchainé, resserrant le lien à l'encolure à chaque remontrance. Pourtant, face à ces calculs de conscience, la tentation de goûter à une liberté sans pareille l'emporta, cette nuit-là.

Le Chien ne s'était pourtant pas éloigné bien loin. Son penchant naturel pour les courses en plein air, en-dehors des sentiers battus, sa curiosité de connaitre de lui-même les lieux qui lui étaient cachés, son besoin de céder à ce que la raison exprimée par son Maître indiquait... ne le rendaient pas moins aimant, compréhensif et fidèle. Ce que Francky n'avait pas observé dans ses calculs, était que l'animal fougueux était un bon compagnon. Qu'il était prêt à entendre raison, dès lors que l'homme aurait respecté sa liberté.

À deux pâtés de maison de là, une chienne épanouie faisait la belle dans un jardin. Il fut un temps où elle errait dans les rues, à la recherche d'un toit. Elle choisit une famille et l'adopta, jour après jour, notant scrupuleusement le soin que chacun prenait à respecter ses comportements, sa nature et son rythme. Bella, en retour, honorait les règles de bonne conduite de la maisonnée, animée de respect et de reconnaissance partagés. Le Chien fut retrouvé et de nouveau fermement attaché à cet arbre au milieu de la campagne, tout près de la maison. Et nul ne sait s'il se rebella plus durement contre celui qui se voulait rester le Maître. Francky poursuivit sa routine et ses yeux s'assombrissaient toujours, à l'évocation des grands rêves de chacun. Le Chien aurait dû s'appeler "Lucky", et si vous avez compris - consciemment ou inconsciemment - le sens caché de cette histoire, il se peut que le héros de ce conte trouve un beau jour la chance de porter fièrement ce nom. Je vous souhaite d'excellentes fêtes de fin d'année !

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