L'Art de l' Ouverture

Avant-propos
Mieux communiquer avec soi, c'est aussi apprendre à manier ses différents canaux sensoriels que sont - pour ne citer qu'eux - la vue, l'ouïe, la kinesthésie, la proprioception (le ressenti de l'équilibre).
Quoi de plus inspirant à ce sujet que le domaine des Arts ? Ou le terrain d'expression de nos sentiments par le biais de notre corps.
Qu’est-ce que l’art nous apprend des différences entre globalisme et spécifisme ?
Globalisme : tendance à résumer un ensemble en une expression sommaire
Spécifisme : tendance à découdre un ensemble en une expression détaillée
Alors que je me penchais sur de vieux dessins de mes premières années, j’ai entendu la voix de mon père revenir du fin fond de ma mémoire. « Prête bien attention aux détails... C’est pour ça qu’il manque quelque chose à ton portrait... »
L’art de la reproduction couve des talents, dans tous les domaines. De l’abstrait au concret. Minimalisme, Caricature ou Réalisme... Peinture, Musique, Danse, Calcul... Tous promettent un grand sentiment de fidélité, lorsque le talent est à l'œuvre.
En quelques traits, il devient possible d’exprimer ce qui fait la rareté d’un moment ou d’une personnalité. En quelques notes, en quelques pas, on peut facilement reconnaître qu’un artiste rend un hommage particulier.
À l’inverse, il arrive d’avoir comme le besoin d’user de détails afin de rendre une reproduction fidèle. Produire la qualité de chaque défaut, la distance exacte entre chaque point. Le silence parfait entre chaque note. Une œuvre extrêmement complexe peut être remarquée comme telle, sans que quiconque ne cherche à la réduire, tant elle semble refléter à la perfection ce qui a été observé.
La logique de la psyché répartit cet art de l’expression en deux catégories : global ou spécifique.
Les deux ne se valent-elles pas ?
Lorsque j’ai posé la question de l’exercice pictural visant à réaliser une caricature de la part d’un virtuose du réalisme, ou à utiliser un petit format au lieu d’un grand format, une amie peintre m’a confirmé la difficulté toute particulière que cela révélait. Est-ce que cet exercice leur semble intéressant du point de vue de l’enrichissement personnel, en-dehors du cadre de l’art pictural ? Y a-t-il un changement pour l’individu, au sein de la sphère sociale, par exemple ? Oui.
Vivre la logique de l’autre. Jouer à adopter une tendance différente crée des ponts dans le cerveau. Plus il y a de ponts, et plus il y a de chances pour le rapport à l’autre de se faire dans la proximité et la satisfaction réciproque.
À quoi ressemblerait cet article si je cherchais à être moins spécifique ?
Que dire du talent ? Accepter d’apprendre n’est-il pas le premier des talents à faire fructifier ?
Trouver les mots justes, le ton le plus adapté, le rythme, le regard, l’attitude appropriée...
Le talent n’est-il pas d’être capable de décrire fidèlement et interroger son monde, de toutes les façons possibles ? Comment les arts nous démontrent une faculté à se faire comprendre de tous ?
Qu’est-ce que cela change d’apprendre la caricature, lorsque l’on ne supporte pas soi-même d’être décrit grossièrement ? Qu’est-ce qu’il se passe de nouveau en peaufinant son réalisme, alors que l’on trouve le détaillisme « masturbatoire » ? S’ennuie-t-on encore auprès des gens qui disent beaucoup en peu de mots, après s’être essayé avec curiosité au minimalisme ? Le silence peut-il être perçu comme de l’or par tout être qui décide de devenir alchimiste de l’expression ?