Le Pouvoir de Régresser

L’évolution individuelle, prendre en maturité, c’est comme de gagner en curiosité et en aplomb pour passer d’un étage à l’autre d’une tour tout au long de sa vie. Jusqu’à découvrir le panorama vu du toit.
Il y a ceux qui passent d’un étage à l’autre méticuleusement, prenant le temps d’en découvrir le contenu qui souvent se vide progressivement du superflu. Plus l’on grimpe, plus le soleil pénètre dans les pièces jusqu’à lui faire totalement face et n’avoir plus besoin d’autre chose pour meubler. Il y a ceux qui s’engouffrent dans l’ascenseur et appuient sur tous les boutons. Passant de la hauteur à la bassesse en s’amusant de l’effet que cela produit de retrouver les sensations de la descente. Ou ceux qui ont besoin qu'il y ait quelqu'un de très attirant dans le vestibule, pour s'y précipiter. D’autres encore ont l’intention de monter toujours plus haut, ayant à l’esprit la beauté des étages les plus éclairés. Ils zappent certains niveaux, font quelques pauses pour bien apprécier l’élévation suivante. Et surtout, ils ont confiance : soit l'ascenseur est solide soit ce sont leurs forces motrices qui les engageront dans les escaliers. Ce ne serait qu'un évènement idéalement conçu pour muscler leur détermination. Il arrive de grimper et d’être comme appelé aux étages inférieurs. Quelque chose a été oublié ou perdu. À travers quelque chose ou quelqu'un. Il va falloir régresser en niveau pour aller chercher ces effets personnels, un sens particulier sans lequel on grimpe à l’aveugle, en faisant la sourde oreille, dans l’insensibilité du corps, du cœur, parfois en eunuque…
Voilà à quoi sert la régression. Qu’elle soit hypnotique, menée en cabinet ou spontanée accompagnée de larmes, de rage, de souvenirs ou d’envies subites de retrouver les tendances gustatives et émotionnelles de l’enfance. Qu’elle soit sociale ou comportementale dans l’intimité la plus totale, avec le besoin urgent de perdre totalement le sens des conséquences et du long terme. Une régression fait du bien à l’être qui en récupère l’objet de sa régression. Celui qui n’a pas fini de vivre des descentes à la cave n’est autre que celui qui craint la lumière, l’élévation, le vide ou celui qui une fois en bas se laisse une fois de plus happer par l’environnement et repart sans avoir réalisé ce qu’il était venu trouver. Les premiers étages de la vie sont parfois très accueillants, d’autres fois très sombres. Si le goût du jeu y existe, il suffit de garder avec soi le sens de la dérision et de l’imagination, pour passer à l’étage supérieur. S’il ne s’y trouvait que l’horreur et l’obscurité, il est nécessaire de passer récupérer ce qui nous appelle, le cas échéant. Le sens de l’amour ou de l’humour, celui du courage ou de la fraternité, de la création etc. qu'on aurait égaré ou cédé à une autorité.
L’humain est comme un vase qui se remplit de fleurs au fur et à mesure de son existence et des environnements par lesquels il passe. Chaque fleur est un sens, un pouvoir inhérent à l’espèce humaine. L’humain a besoin d’apprendre à les cultiver minutieusement et d’accepter d’être vu et sollicité. Ou d’assumer l’état déplorable dans lequel il trouve sa vie chaque matin s'il se refuse obstinément beauté et noblesse. D’accepter qu’on le lui fasse remarquer ou que l’on ne le regarde pas avec une reconnaissance positive. Jusqu’à ce qu’il décide de rechausser ses bottes.
Quelqu'un s'est amené un jour en consultation avec un objectif qui semblait vraiment, vraiment lui tenir à cœur. Pourtant, à la lecture de son souhait, vous allez probablement trouver celui-ci quelque peu dramatisé. Il démontre la subtilité psychologique de ce qui nous habite et veut profondément nous redonner goût à tout. "Je viens vous voir parce que je mange tous les samedis des pommes au four, et je les fourre au dernier moment avec un morceau de beurre. Puis, systématiquement, j'ajoute de la crème entière et des pralines. - Et c'est quoi le problème avec ça ? - Je veux vraiment arrêter le lactose et puis surtout, je ne comprends pas pourquoi je le fais. - Le samedi. Absolument tous les samedis ? - ... Des fois le vendredi, quand on me donne mon jour de repos. Alors, le samedi, c'est passé.
- Qu'est-ce qui est passé le vendredi plutôt que le samedi, après que vous ayez accepté de travailler durant les jours demandés ? - ... L'amertume... - C'est doux les pommes au four à la crème, n'est-ce pas ? On a tous eu droit un beau jour à une friandise toute douce étant enfant, c'est un souvenir très agréable le plus souvent. C'est votre cas ? - Oh oui... Ma mère et ma tante nous les préparaient pour le goûter, une fois rentrés de l'école. - Et vous n'aimiez pas vraiment l'école... - J'ai détesté ça..." Bel exemple de régression, pour aller chercher la douceur là où on nous l'a fait connaitre. Cette personne n'aurait pas eu à me rendre visite si elle avait, à cette époque, acté qu'elle voulait changer d'école, plutôt que de ne retrouver son bonheur que dans le goût des pommes au four.
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